La tireuse de roches

À tous ceux et celles qui, comme moi, aspirent à devenir tireur de roches d'élite...

lundi 22 mars 2010

Chroniques d'une mort annoncée 1998-2010

Préambule
Pendant ces douze dernières années, j’ai été, grâce aux fonctions que j’ai occupées, aux premières loges du dossier de la diffusion professionnelle pour l’ensemble de la région.

De 1998 à 2004, j’ai été présidente du Conseil régional de la culture et à ce titre, membre du conseil d’administration du Conseil Régional de Concertation et de Développement (ancêtre de la Conférence Régionale des Élus , CRÉ) et membre de la Commission Culture.

De 2005 à 2008, j’ai été membre du conseil d’administration du Réseau des diffuseurs professionnels de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Objectif Scène.

Et à titre de directrice générale du Festival international des arts de la marionnette, de 2001 à octobre 2008, j’ai vu défilé les consultants de Trigone et j’ai subi la pression suite à mon refus de signer le protocole Spectacles Saguenay et l’organisation que je dirigeais en a fait les frais.

Je voudrais qu’il s’agisse d’une fiction malheureusement, ce n’est pas le cas. À partir de ces faits, tous appuyés par des documents que j’ai en ma possession, j’ai remonté le fil de cette triste histoire.

Chroniques d’une mort annoncée… 1998 à 2010

De 285 membres la première année, il en compte 1 435 aujourd’hui qui sont actionnaires, détenteurs de parts sociales. La répartition de ces membres couvre un vaste territoire compris entre Sacré-Cœur et Chibougamau. Cette force collective constitue l’une des assises de l’activité du Théâtre du Saguenay tout en étant génératrice d’activités de diffusion. (Extrait du site officiel du TDS).

1998-2000
Financement par Ville de Saguenay et par le Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec (MCCCFQ) pour définir de manière claire et précise les critères de ce que devrait être la salle de spectacle régionale du Saguenay-Lac-Saint-Jean à Chicoutimi. Constat de l’étude:
-La salle de l’Auditorium Dufour jugée inadéquate
-Un besoin clairement identifié : une salle de 1200 places

2002-2003
Financement par la Ville et le Ministère pour finaliser l’étude des critères et préparer un plan de développement pour la mise en place de ce nouvel équipement.

-Le CEGEP de Chicoutimi est contre le projet d’une nouvelle salle. Il opte pour la rénovation de la salle du CEGEP, fait des représentations politiques en ce sens malgré les contraintes architecturales majeures de la coquille de l’auditorium qui limite le nombre de sièges (970) et la qualité de l’acoustique.
-Dans les médias, le maire Jean Tremblay est réticent, il questionne et s’interroge sur la nécessité d’une telle salle.

20 février 2003
La Commission des Arts et de la Culture de Ville de Saguenay recommande que Ville de Saguenay réalise une étude sur le portrait, les enjeux, les orientations sur la diffusion des arts de la scène. Les conclusions de cette étude devaient guider la politique de développement, de reconnaissance et de soutien des organismes professionnels de la diffusion.

Cette étude, que l’on appellera « Rapport Trigone » commandée et financée conjointement par la Ville et le Ministère, conclut que l'absence d'une salle de spectacles régionale majeure, qui répond aux normes professionnelles, constitue un handicap crucial pour la région.

Septembre 2004
Trigone dépose son premier rapport mais les élus de Saguenay ne le rendront pas publique. À la demande de la Ville, les recommandations du rapport subiront des modifications majeures.

Le ministère de la Culture, pourtant partenaire et partie prenante des recommandations, ne s’objectera pas et ne fera aucun commentaire.


Voici ces modifications :






Il apparait qu’à partir de cette date, le Théâtre du Saguenay, diffuseur professionnel majeur, reconnu par les instances gouvernementales n’est plus le partenaire privilégié de Ville de Saguenay pour la diffusion professionnelle des arts de la scène.
Le ministère de la Culture ne s’objectera pas.

2004
Le Théâtre du Palais Municipal de la Baie annonce des travaux majeurs à la salle de 1.5 MS. La Ville, par l’arrondissement La Baie, y injectera 400 000$ et le Maire Jean Tremblay confirmera une subvention de 150 000$ par année durant 10 ans.


2004
Création du réseau Objectif Scène regroupant les 13 diffuseurs professionnels de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le Théâtre du Palais Municipal sera invité à faire partie du réseau dans la mesure où il fait la démonstration qu’il répond aux exigences en matière de diffusion professionnelle : mission artistique, activités de développement des publics, programmation de spectacles à risque etc… Ne voulant pas se conformer à ses règles, le Théâtre du Palais Municipal ne sera pas reconnu comme diffuseur ni par ses pairs, ni par le Ministère.

Avec toute une série de transformation de l’aréna, le Théâtre du Palais Municipal dispose dorénavant d’une salle d’une jauge de 2300 sièges.
Arrivée du Théâtre du Palais Municipal à la rencontre annuelle de RIDEAU (Réseau Indépendant des événements artistiques unis, carrefour national entre artistes, producteurs et diffuseurs). Le Théâtre du Palais Municipal propose des offres alléchantes pour les producteurs puisqu’il dispose d’une salle qui ne lui coûte rien. Tout est payé par la Ville. Il est pratiquement impossible pour le Théâtre du Saguenay de rester dans la compétition.
Les spectacles très rentables sont alors présentés à La Baie mettant en péril la santé financière du Théâtre du Saguenay.

2005
Madame Louise Beaulieu quitte ses fonctions de directrice générale. Un gestionnaire privé, Productions Hakim Inc., qui produit depuis 2003 le Festival Rythmes du monde, se définissant comme organisateur de congrès et d’événements, assurera désormais la direction du Théâtre du Saguenay en la personne de M. Robert Hakim.
Madame Beaulieu confirmera, qu’à son départ, il y avait une réserve dans les cinq chiffres.

2007
Projet du Cabaret Urbain Opéra.
Un bâtiment acquis en copropriété : Frédéric Gagnon et Robert Hakim, financé par le FIER Fonds d’Intervention Économique Régional donc M. Gagnon en est le président à l’époque et dont Promotion Saguenay est actionnaire.
Théâtre du Saguenay devient partenaire à 51% de la coquille interne et 49% pour les Productions Hakim Inc.

6 novembre 2007
Plus de 100 membres assistent à l’AGA. Parmi ces membres, plusieurs ont acquis leur carte de membre il y a seulement quelques jours. Lors des discussions sérieuses demandant le vote, ce groupe appui inconditionnellement le président et son conseil d’administration.
Les membres expriment leur inquiétude, réclament une AGA spéciale concernant le projet du Cabaret Urbain Opéra, refusé par le président et son groupe de nouveaux membres.
Une AGA spéciale est demandée pour le dossier de la nouvelle salle de spectacles. Refusé par le président et son groupe de nouveaux membres.
Lors des élections des administrateurs, tous les postes vacants seront comblés par ce groupe de nouveau membre par vote secret. Ces nouveaux membres occuperont tous les sièges au sein du conseil d’administration.

Parallèlement,

Juin 2007
La Ville crée la première entité municipale « de porte d’entrée unique de la diffusion des arts de scène »: Spectacles Saguenay. Un regroupement constitué de 2 diffuseurs pluridisciplinaires reconnus : TDS (le majeur), Producson (l’intermédiaire) et Le Théâtre du Palais Municipal et Ville de Saguenay. Les diffuseurs spécialisés échapperont de justesse à cette prise de contrôle invoquant une clause dans leur protocole d’entente avec le CALQ. Le Café Théâtre Côté Cour ne signera pas l’entente.

Le protocole de Spectacles Saguenay a été rédigé et présenté par Me Louis Coulombe, conseiller légal de Ville de Saguenay, membre du conseil d’administration du Théâtre du Palais Municipal et collègue de Me Vassilis Fasfalis (président TDS) de la firme Cain Lamarre Casgrain Wells.









6 avril 2009
Séance extraordinaire du comité exécutif de Ville de Saguenay
Ordre du Jour : Auditorium Dufour – présentation du projet :
1.1 Gestion du projet;
1.2 Dépassement de coûts
1.3 Cautionnement

Il est résolu: QUE la Ville de Saguenay assume la gestion du projet de « Mise en conformité de l’Auditorium Dufour, 534, rue Jacques-Cartier Est, arrondissement de Chicoutimi.
Adoptée à l'unanimité.

Il est résolu QUE la Ville de Saguenay accepte d’assumer la responsabilité de tous dépassements de coûts en relation avec le projet de « Mise en conformité de l’Auditorium Dufour, 534, rue Jacques-Cartier Est, arrondissement de Chicoutimi », conditionnellement à ce que les travaux débutent avant le 30 juin 2009. Adoptée à l'unanimité.

Il est résolu QUE le comité exécutif recommande au conseil municipal de se porter caution pour la Coopérative de développement culturel de Chicoutimi, pour un emprunt de 1 471 530 $, …

Mme Ginette Sirois et M. Robert Hakim sont présents dans la salle de réunion.

15 Mai 2009 :
Conférence de presse : Annonce de 4,2M de Québec pour le projet de rénovation de la salle de spectacles. On pouvait lire : Une initiative à laquelle souscrit pleinement le maire de Saguenay, Jean Tremblay.

20 Mai 2009
Opposition au règlement d’emprunt pour le projet de rénovation de l’Auditorium Dufour.

Quelques jours plus tard, le CEGEP fermera l’Auditorium Dufour invoquant des normes de sécurité.

30 juin 2009
Il aura fallu attendre jusqu’en juin 2009 lors de l’AGA de l’année se terminant en juin 2008. Après seulement quelques minutes d’assemblée une tentative d’ajournement de la part du président est refusée par les membres.

Cette assemblée que l’on a qualifiée de « houleuse » et qui a duré près de 5 heures, nous a permis d’apprendre que la Coopérative présentait un déficit de 180 000$. Que ce déficit était, semble-t-il, lié au projet du Cabaret Urbain l’Opéra. Que la Coopérative du TDS venait de vendre ses parts (51%) au montant de 1$, transaction qui permettait, nous dit-on, d’une part à la Coopérative de se retirer de ce gouffre financier avoué et d’autre part, de trouver un acheteur. On nous annonçait qu’il y aurait un nouveau propriétaire de l’Opéra et que son nom devait rester confidentiel.

Une fois de plus les membres exigent des informations concernant le dossier de la nouvelle salle. Pas de réponse.
Les membres exigent, par résolution, la tenue d’une AGA spéciale pour septembre. Pas d’AGA.
Les membres n’accepteront pas de ratifier les gestes posés par les administrateurs pour l’année 2008.

Plusieurs questions, trop peu de réponses.


11 septembre 2009
Le président de la Coopérative, M. Vassilis Fasfalis, en poste depuis 2005, confirme sa démission sous prétexte, pourra-t-on lire dans le journal Le Quotidien du 11 septembre 2009, que la suspension du projet de rénovation avait refroidi ses ardeurs.

Octobre 2009
Campagne électorale : L’Omerta

1 novembre 2009
Élection du Maire Jean Tremblay

9 novembre
Pierre Mazurette devient membre de la coopérative.
12 novembre
Proposé par Carol Boily, appuyé par Paul Gilbert, il devient administrateur.
16 novembre
Proposé par Carol Boily, appuyé par Paul Gilbert, il devient président.
Ces deux administrateurs, nommés par le conseil d’administration, étaient devenus membres les 6 et 21 juin 2009.
Beaucoup de nommés, peu d’élu…

1 décembre 2009
Tenue de l’AGA pour l’année se terminant au 30 juin 2009. Un déficit de 171 466 $ est annoncé. Le président, tout nouvellement en poste, dépeint la situation comme étant catastrophique.



15 janvier 2010
On pouvait lire en gros titre : Théâtre du Saguenay : Me Mazurette promet un « grand ménage »
« Il y a un ménage à faire au Théâtre du Saguenay et je vais le faire.

Janvier 2010
Dans l’article de Louis Tremblay du Journal Le Quotidien du 22 janvier dernier, on apprend que « Le cabinet du maire de Saguenay a été informé à la fin du mois d'août 2009 que quelque chose ne tournait pas rond au Cabaret urbain l'Opéra, propriété à 51 pour cent de Théâtre du Saguenay. »
« Toujours selon nos sources, une fois informé qu'il pourrait y avoir des choses à surveiller à l'Opéra, M. Harvey aurait demandé un peu de temps, question de discuter avec le conseiller légal de la ville, Me Louis Coulombe. Après avoir pris conseil, Ghislain Harvey a fait venir l'individu en question pour lui dire que la ville n'était pas concernée par la gestion de l'Opéra.
Après coup, selon nos informations, le chef de cabinet du maire aurait indiqué qu'il serait dommageable que toute l'affaire de «l'Opéra» éclate en pleine campagne électorale.
Quelques mois plus tôt, la ville avait été sollicitée pour accorder une aide financière au Théâtre du Saguenay en lien avec le Cabaret urbain l'Opéra. Elle avait consenti une subvention de 75 000$ à cette fin depuis 2008, selon les résolutions du comité exécutif, présidé par le maire Tremblay.
Le président démissionnaire était en poste depuis 2005. Il a dirigé l'organisme dans toute l'aventure de l'Opéra en compagnie du directeur général démissionnaire, Robert Hakim, en plus d'oeuvrer à titre de procureur, alors qu'il a rédigé lui-même certains documents légaux en lien avec ce projet. »
19 février 2010
L’annonce de la faillite. La démission en bloc du conseil d’administration

Conclusion,
Qui sont les véritables responsables de la faillite ?

Ville de Saguenay assurément avec son intention malveillante, affirmée depuis 2003, de contrôler la diffusion des arts de la scène. Un organisme culturel qui gère un budget d’opération de 1,5M$ et dont 88% provient des revenus de billetterie. Trop d’argent pour un organisme culturel.

Le CEGEP de Chicoutimi très certainement avec sa volonté de rénover sa salle dont les frais seraient assumés par des tiers pour ensuite devenir locateur de cette même salle;

Le CEGEP de Chicoutimi très certainement en ne donnant plus accès au diffuseur majeur à l’Auditorium Dufour (son outil de travail).

Le Ministère de la Culture avec son attentisme complaisant, son silence complice, son mutisme.

L’ancien président de la Coopérative (2005-2009) avec sa participation et sa collaboration dans le projet du Cabaret Urbain L’Opéra ; avec sa participation dans l’élaboration du protocole Spectacles Saguenay ; avec sa prise de contrôle de l’AGA de 2007 favorisant l’ingérence de la Ville dans le TDS.

L’ancien gérant-directeur de la Coopérative pour avoir, semble-t-il, privilégié ses intérêts personnels avant les intérêts de la coopérative et de ses membres notamment dans le Projet Cabaret Urbain l’Opéra.

Le président Me Mazurette, en lien d’affaires avec la Ville depuis plusieurs années, pour avoir accepté de jouer l’homme de mains du Maire Jean Tremblay et pris la responsabilité d’asséner le dernier coup d’épée.

« La ville a demandé souvent à Pierre Mazurette, son avis (...) Pierre Mazurette quand y m’dit : DE LA MANIÈRE dont on a ORGANISÉ « notre » faillite, c’est ça la loi (sic)... je me fis à lui ».
— Jean Tremblay (KYK-fm, mardi, 23 février 2010)
Et finalement, les membres pour avoir fait confiance à des gens de mauvaise foi.

Et si nous allons encore plus loin au bout de ce fil rouge,

Comment ne pas se poser la question suivante :

Mais à qui profite la disparition de la Coopérative du Théâtre du Saguenay ?

Assurément à la corporation du Théâtre du Palais Municipal, qui en 2004 était identifiée comme gestionnaire de salle d’événements, et qui, avec l’aide de la Ville, s’autoproclame : Diffuseur de grands talents, et s’annonce comme l’une des cinq plus belles salles de spectacle du Québec avec ses 2300 places. (Voir leur site)

Probablement Producson, qui a reçu l’aval de Ville Saguenay accompagné de subventions pour mettre à niveau le Théâtre Palace et poursuivre ses activités de diffusion qu’il avait, à toute fin pratique, abandonnées.

Et si Le Citoyen d’abord s’en mêle, il pourrait aussi supposer que Diffusion Saguenay, nouvelle créature de la Ville dont les trois individus signataires de la demande d’incorporation inscrite au registre des Institutions financières du Québec sont trois employés salariés de Promotion Saguenay. Et que les administrateurs connus sont entre autres, M. Daniel Gaudreault, ancien directeur général de la Ville à la retraite, nouveau président de Producson, qui est devenu par le fait même le gestionnaire du Théâtre Palace ; M. Jean-Eudes Tremblay, président du Théâtre du Palais Municipal, et le même M. Pierre Mazurette désigné comme président de Diffusion Saguenay, soit en fait une autre créature divine de Promotion Saguenay n’ayant une fois de plus aucune reddition de comptes à faire à moi qui suis le d’abord citoyen de Ville de Saguenay.